Le Droit d’ingérence : l’exemple du Kosovo par Bernard Kouchner – 2001

 

Bernard Kouchner est né le 1er novembre 1939 à Avignon (France).

Gastro-entérologue de formation, il est cofondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde ; il a été plusieurs fois secrétaire d’État et a été nommé ministre sous des gouvernements tant de gauche que de droite et dans des domaines ayant principalement trait à la santé (Action humanitaire, Santé).

Favorable au droit d’ingérence de la communauté internationale dans l’espoir de régler différents conflits (Biafra, Kosovo, Rwanda, etc.) ses prises de position en ont fait une personnalité médiatisée et populaire, mais il a aussi fait l’objet de virulentes controverses alimentées par des critiques de son action qui lui ont valu d’être au cœur de la tourmente médiatique et politique.

De mai 2007 à novembre 2010, il a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères et européennes des gouvernements Fillon I et Fillon II.

Depuis 2011, il se consacre à la société de consulting qu’il vient de créer (No Borders Consultants).

Voici quelques extraits du texte inaugural prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 5 mai 2001.

Ce que vous avez fait, c’est que vous nous avez rendu touchable, palpable, guérissable le monde, ou plutôt le corps du monde, le corps souffrant du monde, le corps mortel, vulnérable, mortifié du monde. Les corps minuscules auxquels vous portez secours sont devenus un seul corps, le corps gigantesque du monde. Et cette corporéité immense et infinie du monde tient toute entière dans cet animalcule précaire qu’est la victime humaine à laquelle vous avez consacré votre vie.

Vous nous avez rendu touchable le monde parce que vous avez décidé que la raison d’État, les affaires intérieures de l’État, la souveraineté de l’État, elles, n’étaient plus des idoles intouchables.

Mais vous n’avez rien contre l’État, vous êtes vous-même ministre de l’État français, et vous connaissez le sens que lui donne Schopenhauer : « L’État, dit-il, cette muselière qui rend inoffensive cette bête carnassière, l’homme ». L’État comme « ordre désirable » (selon l’expression de Georges Burdeau), c’est ce que vous avez voulu instaurer au Kosovo, un État démocratique bien sûr, c.-à-d. « un État (toujours selon Burdeau) où le pouvoir est à prendre ».

Ce dont vous ne voulez pas c’est de l’État comme « ordre haïssable », c.-à-d. l’État parti, ou partisan, l’État fasciste, l’État totalitaire, l’État fanatique, l’État ethnique, etc. bref l’État comme forme légitimée de l’injustice, de l’oppression, ou de la terreur, l’État comme chefferie de village, rite moderne de horde primitive, brutalité honorable, bestiaire respectable.

C’est pourquoi je pense que votre combat humanitaire est évidemment politique.

Lectures :

  • L’île de lumière [Ramsay, Paris 1980]
  • Charité Business [le Pré aux Clercs, Paris 1986]
  • Le malheur des autres [Odile Jacob, Paris 1991]

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