La Parole fière : Moncef Ghachem – 2001

 

Moncef Ghachem est né le 29 juillet 1946 à Mahdia (Tunisie) dans une famille de pêcheurs.

Son enfance s’est déroulée entre la maison familiale et les rivages lumineux de la mer méditerranée qui marqueront à jamais sa sensibilité de futur poète.

Sa vie d’adulte commence sous les auspices du désenchantement consécutif à l’indépendance de son pays, mais il commence toutefois à publier ses poèmes dans de nombreuses revues, tant en Tunisie qu’en France.

Ses publications lui ont valu de nombreux prix internationaux : prix International Mirabilia de Poésie francophone en 1991, prix Albert Camus (découverte) pour « l’Épervier — nouvelles de Mahdia », prix international de poésie de langue française Léopold Sédar Senghor pour l’ensemble de son œuvre; il a également été ordonné Chevalier à l’Ordre des Palmes académiques françaises.

Voici quelques extraits du texte inaugural prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 6 avril 2001.

Moncef Bey, c’est bien le prénom qu’on t’a choisi, le jour de ta naissance, parce qu’un de tes cousins les plus instruits voulait perpétuer « la mémoire de Moncef Bey, héros national, déporté en France jusqu’à sa mort », comme il disait.

Toi qui ouvre au Collège le nouveau millénaire. Ce n’est pas rien pour le XXI° siècle que de s’annoncer par ta voix !

À travers toi, je me dis que les temps qui s’annoncent ne peuvent pas être obscurs.

Si je voulais te définir (bien que tu sois tout à fait inclassable), je dirais qu’il y a deux catégories de poète : ceux de la nature, et ceux de la civilisation.

Je crois que tu appartiens à la première catégorie. Tu es plus du côté des forces élémentaires, de la « furor poetica », de l’inspiration, de cet homme-océan hugolien – « je suis un homme-océan, dit l’un de tes personnages de l’Épervier dans un accès de révolte, je demande la liberté ou la mort ! »

Oui, tu es vraiment du côté de cette énergie primordiale, de cet enthousiasme vital (au sens grec étymologique de « transport divin »), de ce délire sacré, plutôt que du côté de la préciosité poétique, de ces effets recherchés ou surajoutés, de ces poses, de ces affectations que cultivent ceux qui proclament un peu trop qu’ils sont poètes et veulent à tout prix nous en persuader, alors qu’on sent chez eux une pointe de narcissisme qui font tinter leur poésie dans un cristal de vanité qui en fait grincer l’écho, et qui en gâche l’effet. Toi, tu ne veux nous persuader de rien, tu n’as pas besoin de te proclamer poète, tu n’as pas besoin de prendre la pose, de réclamer un titre social de poète, de revendiquer des droits de reconnaissance. Tu es poète, cela va de soi, cela coule de source, on le sait tout de suite, comme on sait qu’il fait froid, ou chaud, ou beau, ou mauvais, qu’il fait soleil ou qu’il pleut.

 

« Nous ramions. La lumière d’aube

couvrait, de sa chevelure

la peau rose de l’eau »

Orphie.

 

Lectures :

  • Car vivre est un pays [Grévin, Paris 1978]
  • Cap Africa (l’Harmattan [Paris 1989]
  • Orphie [Meet, Saint-Nazaire 1987]
  • Matin près de Lorand Gazpar [l’Or du Temps, Tunis 1998]

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