Sapho – 2004

 

Née à Rabat le 10 janvier 1950, Sapho est une artiste qui a toujours souhaité colorer sa pratique d’influences variées. À la fois chanteuse et romancière, mais aussi poétesse et dessinatrice, sa passion pour le brassage des genres se reflète dans les facettes multiples de ses activités.

Éclectique et touche à tout, elle a suivi les cours d’Antoine Vitez, a joué en compagnie de musiciens gnaouas et a également coproduit des titres en compagnie de l’expérimentateur américain Bill Laswell.

Voici quelques extraits du texte de présentation prononcé par Hélé Béji lors de sa venue le 18 décembre 2004.

Chère Sapho,

 Il y a chez toi une parfaite coïncidence entre la beauté et l’esprit.

Cette addition de forces, cette simultanéité d’effets, dès que tu apparais, nous subjugue. Tu possèdes ce beau mystère d’un esprit parfaitement dessiné dans un corps, et d’un corps parfaitement animé par l’esprit. Par quel miracle un objet des sens devient-il aussi une forme de la pensée ? Par quel miracle un port de tête est-il aussi un don d’inspiration, la blancheur des épaules une pureté des mots, l’apparence visible un miroitement d’invisible, le teint pâle une clarté intellectuelle, le sourcil noir une pointe aiguisée de pensée ? Qu’est-ce qui, dans ta personne, porte le naturel au comble de l’art, et l’art à la souveraineté d’une création naturelle ? Tu es toujours habitée d’une joyeuse songerie, et jusque dans les plis de ta robe ton apparence capture le reflet de ta fougue intérieure. Ce mélange presque irréel d’artifice et de naturel, de travail acharné et de spontanéité vivante, cette composition poétique de toi-même dont tu fais don vivace aux autres, cette grâce, où le geste physique jaillit d’un secret métaphysique, cette énergie poétique dont l’influx ajoute un charme immatériel à ton fard nacré, cette liberté de ton air rieur sans cesse en intensité de chant, cette gracilité indomptée où tu bondis, ces yeux noirs où tu captives, cette absence de morosité, cette passion contre la mélancolie, cette farouche guerre pour le rêve d’harmonie, ce grand empire de ta voix où l’éclat de rire s’arrache aux maléfices, c’est toi Sapho, dans la lumineuse précision d’un destin où l’ingrédient de la femme fatale n’est là que pour subvertir et défaire le mythe dérisoire de la femme fatale, tandis que le noir que tu portes est l’ombre que tu poursuis, que tu rattrapes, et que tu sculptes avec un ciseau d’albâtre.

Lectures :

  • Ils préféraient la lune [Balland, Paris 1987]
  • Beaucoup autour de rien [Calmann-Lévy, Paris 1999]
  • Un très proche Orient [manifeste, Joëlle Losfeld, Paris 2001]

La discographie de la chanteuse est abondante et variée et l’on pourra s’y pencher avec intérêt.

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