Conférence : la ville à l’épreuve de l’urbain – 2008

 

Conférence donnée le 13 décembre 2008 sur le thème « la ville à l’épreuve de l’urbain » au Collège international de Tunis.

Voici quelques extraits du texte d’introduction prononcé par Hélé Béji.

J’ai toujours été une irréductible citadine.

Ce n’est pas par hasard que je me suis installée au cœur de la ville, bien que ce soit le hasard qui m’y a fait naître. En fait, j’adhère à ce hasard par un choix délibéré, volontaire, et même avec une obstination « politique ». Car je crois fermement que c’est dans l’urbanité (au sens lat. de urbanitas, (1370, Oresme; lat. urbanitas, de urbanus «de la ville, qui a les qualités de l’homme de la ville») que naît la civilité (civilitas, encore un mot latin, 1290, lat. civilis, de civis. – Citoyen.), et dans la civilité que naît l’usage pacifique de la chose publique, en 2 mots la démocratie. (…)

Dès qu’on aborde la question sous cet angle, on mesure les conséquences redoutables  qu’un ratage architectural de la cité (ou de son urbanisme) peut  avoir sur le comportement social, sur la nature même du lien social, du lien humain. (…)

Est arrivé le moment, dans l’histoire des temps modernes (qu’il reste aux historiens de préciser), où la ville a basculé dans l’urbanisme – j’utilise ici ce mot dans le sens opposé à celui d’urbanité – avec la connotation que des urbanistes comme Virilio (urbaniste et philosophe) appelle l’outre-ville, CAD la ville comme lieu non d’élection, mais d’éjection, un espace monstrueux d’exilés, de millions d’immigrés, déportés, déplacés, réfugiés, etc., ou encore l’hyperville, ou la mega-lo-pole (comme l’appelle Cardinali, auteur de L’invention de la ville moderne) tous ces concepts un peu outrés eux-mêmes pour dire les dérives d’aujourd’hui.

Personnellement, j’ai appelé ça des cités sans demeure, CAD des cités où plus rien ne retient l’individu, où tout l’emporte dans le flux, où il ne peut nulle part fixer son séjour, jamais y goûter ou y recueillir le sentiment de la durée. Quoi de plus harassant, de plus inhumain que ce voyage où l’homme traverse le monde sans l’habiter ! Cela lui laisse un sentiment insurmontable de destruction.

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